Intolérance au lactose
L’intolérance au lactose est très répandue en Suisse: une personne sur cinq est concernée. Complètement renoncer aux produits laitiers n’est pas la seule solution. Que faire?
Il est possible de cartographier la fréquence de l’intolérance au lactose: en Scandinavie, seule quelque 3 % de la population est concernée, contre une personne sur cinq en Suisse, alors qu’en Afrique, la quasi-totalité de la population est touchée, indique l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). L’intolérance au lactose (appelée à tort allergie aux protéines laitières) peut être présente à la naissance ou apparaître au cours de la vie.
Mais qu’est-ce exactement qu’une intolérance au lactose, qu’est-ce qui ne fonctionne pas correctement dans le corps? Le lactose est le principal glucide présente dans le lait de quasiment tous les mammifères. On ne le trouve naturellement que dans le lait et ses produits dérivés comme le yaourt, la crème, le fromage et le petit-lait. Le lactose joue un rôle vital dans les premières phases de vie d’un nourrisson, ou d’un jeune mammifère. Pour être digéré, il nécessite une enzyme, la lactase. L’activité de cette enzyme diminue quand le lactose cesse d’être consommé en quantités aussi importantes et que la préférence est accordée à d’autres sources alimentaires.
Principaux symptômes?
L’intolérance au lactose est due à une non-production ou une production insuffisante de l’enzyme digestive lactase. Le lactose non digéré descend directement dans le gros intestin où il est fermenté par des bactéries. Cela conduit à la formation de gaz et à un appel d’eau dans le gros intestin et occasionne des troubles digestifs. Les symptômes apparaissent généralement 30 minutes à 2 heures après consommation d’aliments contenant du lactose.
Principaux symptômes:
Ballonnements, sensation de réplétion, flatulences
Diarrhées ou coliques
Ils peuvent s’accompagner en outre de symptômes systémiques comme des maux de tête, des troubles de la concentration, une fatigue chronique, des troubles du rythme cardiaque ou des aphtes.
Ecouter les patients
Souvent, les personnes concernées remarquent ou soupçonnent elles-mêmes qu’elles digèrent mal le lait ou les produits laitiers. Un des piliers du diagnostic est donc d’interroger précisément les patients. Si l’anamnèse permet de confirmer le soupçon d’intolérance au lactose, un régime strict sans lactose devrait être suivi pendant deux semaines sous les instructions d’un spécialiste. Le degré de gravité de l’intolérance au lactose est variable d’un individu à l’autre. La plupart des gens doivent simplement passer à une alimentation pauvre en lactose: la prise de 8 à 10 g de lactose par jour n’est pas un problème dans ce cas. Cela correspond concrètement par exemple à 2 à 2,5 dl de lait par jour.
Il y a une meilleure tolérance si le produit laitier est consommé avec un repas, par exemple avec des protéines et des matières grasses! La consommation simultanée de protides et de lipides prolonge le séjour des aliments dans l’intestin, ce qui augmente le temps pour la dégradation du lactose et ainsi sa tolérance. Il est aussi utile de répartir la consommation des aliments contenant du lactose tout au long de la journée.
Modification de l'alimentation en 3 phases
La modification de l’alimentation devrait idéalement se faire et être suivie par une diététicienne diplômée.
1. Phase d’éviction: l’apport en lactose est fortement limité durant environ deux semaines, pour atténuer les douleurs.
2. Phase de test: dans la phase test, la quantité de lactose est progressivement augmentée pour tester la tolérance individuelle.
3. Transition en douceur vers une alimentation définitive: les aliments contenant du lactose qui sont bien tolérés sont réintégrés dans l’alimentation quotidienne – mais en quantité et à une fréquence réduites.
L’aliment le plus problématique est le lait qui subit peu de transformations et dont la teneur en lactose est la plus importante. De nombreuses personnes allergiques ne le supportent pas ou alors seulement en petites quantités. Le yaourt est quant à lui plus facile à digérer car une partie du lactose est dégradé lors du processus de fabrication. La teneur en lactose du fromage mûr est négligeable et sa consommation ne constitue pas un problème pour la plupart des gens.
Alternatives aux produits laitiers
Que faire en cas d’intolérance au lactose?
Remplacer le lait, le babeurre et le petit-lait par du lait sans lactose.
Choisir des yaourts sans lactose à la place des yaourts et du lait acidulé.
Remplacer le séré, le blanc battu, le cottage cheese, la ricotta, la feta et la mozzarella par du fromage frais sans lactose.
Les substituts lactés d’origine végétale tels que les boissons au soja ou au riz offrent une autre solution en cas d’intolérance au lactose. En revanche, les laits de chèvre et de brebis ne représentent pas une alternative car ils contiennent tous deux du lactose.
Généralement, la crème, le fromage à pâte molle, à pâte mi-dure et à pâte dure et le beurre ne posent pas de problème car ils contiennent peu de lactose.
Dans les aliments délactosés, le lactose est scindé en ses deux constituants, le glucose et le galactose, c’est pourquoi l’intestin grêle l’absorbe sans problème. En fonction du procédé utilisé, le lait délactosé a un goût légèrement plus doux que le lait normal car le glucose a un pouvoir sucrant plus fort que le lactose.
Lactose caché
On entend par lactose caché le lactose qui entre dans la composition des aliments de fabrication industrielle. Ainsi, la poudre de lait, la poudre de lait écrémé, le petit-lait, la poudre de petit-lait et le sérum lactique sont des sources cachées de lactose. Ils sont utilisés entre autres dans les mélanges de condiments, les sucreries (par exemple les pâtisseries et le chocolat), les plats cuisinés, les saucisses et charcuteries et les boissons. Ces ingrédients doivent être déclarés sur l’emballage. Le lactose sert aussi d’adjuvant pour la fabrication des médicaments ou des granules homéopathiques. Pendant la phase d’éviction et en cas d’hypolactasie congénitale, il convient également de renoncer à de tels aliments sources de lactose.
Pas de lait – trop peu de calcium
Une intolérance au lactose n’est pas seulement un problème parce qu’elle occasionne des problèmes de santé mais aussi parce que l’arrêt ou la diminution de la consommation de produits laitiers peut engendrer des carences en calcium. Le calcium est un sel minéral important pour notre corps qui joue un rôle essentiel dans la construction des os et des dents.
Selon les recommandations actuelles de la pyramide alimentaire suisse, 60 à 70 % des besoins journaliers en calcium sont couverts par les produits laitiers: la pyramide préconise la consommation de trois portions de lait, de fromage ou de yaourt par jour. Il est donc recommandé aux personnes qui souffrent d’intolérance au lactose de consommer des produits laitiers dans le cadre de leur tolérance individuelle. En outre, les recommandations de la pyramide alimentaire ont été adaptées:
Boissons: privilégier les eaux minérales riches en calcium (au moins 300 mg par litre). En particulier si la consommation de produits laitiers est faible.
Fruits et légumes: les légumes verts comme les brocolis, les côtes de bette, les épinards, diverses variétés de choux et les légumes-feuilles sont de bonnes sources de calcium.
Produits laitiers: préférer les produits laitiers sans lactose ou pauvres en lactose.
Sucreries: en fonction du degré d’intolérance, renoncer aux desserts et plats sucrés contenant du lactose ou ne les consommer qu’en petites quantités.
En savoir plus sur le sujet
- Alimentation et intolérance au lactose [1.27 MB]
Traduction et rédaction: Marie-Noëlle Hofmann
- Source
Société suisse de nutrition (SSN)