Dépression saisonnière!

Conseils pour la surmonter

Vous vous sentez abattu, affaibli et déprimé? Vous devriez alors suivre le conseil des spécialistes: faites-vous plaisir!

Dès que les premières nappes de brouillard se traînent sur le Plateau à la fin de l’automne, les journaux et les magazines se remplissent de bons conseils contre le blues hivernal, le cafard de novembre ou la dépression automnale. On trouve de nombreux termes pour qualifier cet état dans lequel le moral est dans les chaussettes et on rumine des idées noires. Les personnes touchées se sentent tristes, sans énergie et sans force. Les symptômes commencent en automne et disparaissent au printemps.

Jours courts coupables

Le manque de lumière est responsable de cette dépression. En hiver, le soleil luit plus tard le matin et se couche plus tôt le soir. Les personnes qui travaillent à l’intérieur ne le voient souvent pas de la journée. Le déficit de lumière peut déséquilibrer l’horloge interne. Or, la lumière et l’obscurité déterminent la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, et de sérotonine, un neurotransmetteur. Cette dernière influence la vie psychique. Dans le langage populaire, la sérotonine est connue sous le terme d’«hormone du bonheur». En hiver, il y a davantage de mélatonine et moins de sérotonine en circulation dans le corps durant la journée. Les personnes qui sont sensibles se sentent alors fatiguées et souhaiteraient entrer en hibernation. Tout comme de nombreux animaux le font.

Pression à la production comme chez les poules

Mais l’homme doit fonctionner, à l’encontre de son rythme naturel. Comme les poules pondeuses. Si les jours raccourcissent, elles dorment plus longtemps et donnent moins d’œufs. De la lumière artificielle dans les poulaillers maintient la production d’œufs. Avec comme conséquence un épuisement des poules et une perte de rentabilité après une année environ. Hansjörg Znoj, psychologue à l’Université de Berne, rit de cette comparaison. Mais il ne la considère pas comme erronée: «Les gens aussi ont besoin de temps pour se régénérer après des phases de stress.» Au lieu de ça, on est obligé de garder le même rythme en hiver.

Hansjörg Znoj précise: «Il faut consulter son médecin si l’on souffre d’une humeur déprimée pendant plus de deux mois.» Car dans de rares cas, un blues hivernal peut se transformer en dépression hivernale que les spécialistes appellent trouble saisonnier affectif (TAS) et qui nécessite un traitement. Le passage de l’un à l’autre est difficile à déterminer.

Besoin en sommeil accru

Les dépressions sévères se caractérisent par une mauvaise image de soi avec un profond abattement voire même un désespoir total accompagné de pensées suicidaires. Les personnes touchées estiment que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue. Elles n’ont plus envie de rien, souffrent d’insomnies, gambergent sans arrêt, n’ont plus d’appétit et sont constamment angoissées. Les personnes souffrant de dépression hivernale connaissent également des variations de l’humeur mais les autres symptômes sont inversés: ainsi, leur besoin en sommeil est plus important. Elles dorment plus longtemps «mais le sommeil n’est pas réparateur», précise Hansjörg Znoj. Les crises de boulimie avec des envies de douceurs sont aussi typiques de cet état. «Comme les gens déprimés ont tendance à se calfeutrer chez eux et à bouger moins que d’habitude, ils se retrouvent inévitablement avec des bourrelets de graisse.» Et ce n’est pas précisément fait pour stimuler l’humeur. Le diagnostic de dépression hivernale se pose et se traite par le médecin.

La thérapie par la lumière à la rescousse

Bonne nouvelle: des moyens simples permettent de lutter tant contre la dépression hivernale saisonnière que contre le blues hivernal. Une forte lumière avec des lampes thérapeutiques spéciales améliore rapidement l’humeur dans la plupart des cas. Plusieurs études sont là pour en attester. Pour les spécialistes, comme Anna Wirz-Justice du Centre de chronobiologie de la clinique universitaire psychiatrique de Bâle, la «lumière est la thérapie privilégiée». La puissance d’éclairement des lampes doit se situer entre 7000 et 10 000 lux. A titre de comparaison: lors d’une belle journée d’été, le soleil luit à 100 000 lux. En hiver, lorsque le ciel est couvert, l’éclairement n’est que de 3500 lux, alors que la puissance des lumières dans les bureaux ou les logements se situe entre 50 et 500 lux au maximum. «La luminothérapie est particulièrement efficace si les patients s’exposent chaque jour entre 30 et 60 minutes à la lampe», poursuit Anna Wirz-Justice. L’avantage: le traitement peut se faire sans problème à domicile. Il est toutefois conseillé de consulter son médecin de famille au préalable. Car la prudence est de mise pour certaines maladies des yeux. De même, des effets indésirables peuvent apparaître avec certains médicaments. Il n’est pas indispensable d’acheter sa propre lampe de thérapie. On peut aussi en louer en droguerie.

Tous les jours en plein air

L’activité physique en plein air est encore mieux que la lumière artificielle. «Forcez-vous à sortir tous les jours, et cela par n’importe quel temps», explique le psychologue bernois Hansjörg Znoj. Les effets sont également préventifs. Mieux vaut en outre adopter une bonne hygiène du sommeil. N’utilisez votre lit que pour dormir. N’y mangez et n’y lisez pas.

Il est tout aussi normal d’être parfois de mauvaise humeur que d’être joyeux. En particulier dans les périodes stressantes de l’Avent pendant lesquelles «vous osez vous laisser aller à la mélancolie», estime Hansjörg Znoj. Son conseil: «N’hésitez pas à vous offrir quelque chose qui vous fasse plaisir.»

Tisanes, huiles essentielles et autres

Le droguiste Stephan Vögeli a plusieurs propositions pour combattre le blues hivernal. «Je recommande souvent un mélange de tisane à base de plantes qui renforcent les nerfs, soutiennent les organes et améliorent l’humeur.» Il cite le millepertuis, la menthe, la paille d’avoine, la mélisse, la lavande et l’alchémille des Alpes. Selon l’expérience de Stephan Vögeli, les femmes sont davantage touchées que les hommes par les déprimes hivernales. Le droguiste ajoute pour elles de la racine de ginseng dans le mélange pour tisane. Par ailleurs, l’aromathérapie avec des huiles essentielles est aussi efficace, selon le droguiste. «Le principe actif des plantes est ressenti tout à fait différemment selon qu’il est utilisé en huile essentielle dans un diffuseur ou infusé dans une tisane», précise-t-il. «A travers l’organe sensoriel qu’est le nez, je bénéficie de l’unicité de la plante.» Les huiles essentielles d’agrumes sont connues pour leur action positive sur le moral. Stephan Vögeli nomme la bergamote, le grapefruit, l’orange, le néroli et le petit-grain. Pour les plus petits, il recommande la mandarine. «Tous les enfants aiment cette essence.» La lavande a des effets relaxants et l’encens procure un sentiment de sécurité.

Par diffusion ou en bain

Les huiles essentielles peuvent être utilisées de différentes manières. Par diffusion dans des lampes ou des diffuseurs électriques. Dans ces appareils, les huiles essentielles ne sont pas chauffées et l’essence reste donc intacte. Les huiles essentielles sont aussi disponibles en spray. Les essences sont encore plus puissantes utilisées dans le bain. Car elles agissent alors aussi par la peau. Les drogueries disposent d’essences pour le bain prêtes à l’emploi. Mais on peut aussi les préparer soi-même. Stephan Vögeli explique: «Mettez-en quelques gouttes dans une cuillère à café pleine de crème ou de crème à café et versez le mélange dans l’eau chaude du bain.» La crème agit comme émulsionneur naturel. Sans elle, l’huile essentielle flotterait à la surface de l’eau. La peau ne pourrait alors pas l’absorber.

Aide avec la spagyrie et les sels de Schüssler

Stephan Vögeli conseille dans sa droguerie des personnes dont les variations de l’humeur ont les causes les plus diverses. «En parlant avec elles, je trouve généralement d’où vient le problème», dit-il. «Je conseille volontiers un mélange spagyrique à base de millepertuis, d’éleuthérocoque, de mélisse, de grande chélidoine, de kava-kava, d’avoine et de lycopode.» Il soutient le fonctionnement du foie, renforce les nerfs et améliore l’humeur. Il agit aussi sur la digestion. «Avoir mal au ventre peut aussi peser sur le moral.» Si la constipation et la diarrhée gâchent le plaisir de manger et l’humeur, un nettoyage des intestins pourrait s’avérer efficace.

Les sels de Schüssler font aussi partie du répertoire du droguiste Stephan Vögeli. Il conseille à ceux qui se sentent particulièrement fatigués en hiver le trio pour rééquilibrer l’énergie. Il se compose des sels nos 2, 5 et 7. A prendre dans cet ordre le matin, à midi et le soir. Le no 2 renforce la constitution, le no 5 stimule la résistance et la digestion. Le no 7 aide à se régénérer le soir et détend. Laisser fondre 3 comprimés dans la bouche avant le repas.

Prendre du temps pour soi

Le droguiste Stephan Vögeli et le psychologue Hansjörg Znoj sont d’accord: si les jours sombres pèsent sur le moral en hiver, il faut prendre du temps pour soi. «Ne rien faire, c’est ce qui est le moins efficace», ajoute Stephan Vögeli. Il faut rester actif même si l’on se sent sans force. Le droguiste sait de quoi il parle. Il a lui-même vécu une période pendant laquelle il avait perdu toute énergie. La solution qu’il a trouvée: «J’ai fondé un quatuor vocal.» Chanter lui a redonné de l’élan.

Auteure: Brigitte Jeckelmann
Traduction et rédaction: Marie-Noëlle Hofmann