Vaccination contre la grippe: à savoir

La grippe saisonnière n’est pas une bagatelle. Elle peut même s’avérer mortelle. Qui devrait se faire vacciner? Et le vaccin protège-t-il vraiment de la grippe? Explications

La grippe peut toucher tout le monde. Quand on est contaminé, on souffre souvent d’une forte fièvre, de frissons et de maux de tête et de douleurs dans les articulations après quelques heures déjà. La grippe peut même clouer au lit pour une à deux semaines. Cette maladie virale peut évoluer de manière bénigne mais aussi entraîner des infections secondaires bactériennes comme une pneumonie ou une myocardite. Celles-ci peuvent même entraîner la mort dans certaines circonstances. Chaque année, plusieurs centaines de personnes décèdent en Suisse des suites d’une grippe. 90 % des victimes ont 65 ans ou plus.

Vaccination pour les groupes à risques

On peut se faire vacciner contre la grippe en automne. On se protège ainsi «uniquement» des virus Influenza – mais pas d’une infection grippale comme le refroidissement. Il n’existe pas de vaccin contre les maux de gorge, le rhume et autres. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) recommande la vaccination contre la grippe en premier lieu aux personnes qui ont un risque élevé de souffrir de conséquences sérieuses pour la santé. Parmi elles:

Les enfants prématurés

Les enfants qui sont nés avant la 33e semaine de grossesse ou qui pesaient moins de 1,5 kilo à la naissance devraient être vaccinés dès l’âge de six mois et cela les deux hivers suivants. Ils ont un risque plus élevé de souffrir d’une infection secondaire comme par exemple une pneumonie, une otite moyenne ou une myocardite ou de problèmes du système nerveux.

Les experts ne préconisent pas la vaccination des enfants de moins de six mois en principe. Raison: les études manquent sur la sécurité des vaccins contre la grippe chez les nourrissons de moins de six mois. «Il est important que les petits soient protégés par leur entourage. C’est pourquoi les mères en particulier devraient se faire vacciner contre la grippe», précise Adrien Kay, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). En outre, cela vaudrait la peine que d’autres membres de la famille ou les personnes qui s’occupent de l’enfant se fassent également vacciner.

Les personnes de 65 ans et plus

Les personnes de plus de 65 ans qui contractent la grippe souffrent plus souvent de pneumonie, d’inflammation du péricarde, de méningite ou d’encéphalite que les adultes plus jeunes en bonne santé. De telles complications peuvent être fatales dans le pire des cas. C’est pourquoi les seniors devraient se faire vacciner contre la grippe chaque année.

Les femmes enceintes

La grippe saisonnière est dangereuse pour les femmes enceintes et leur bébé. Si la mère devait contracter une pneumonie en infection secondaire, cela pourrait déclencher un accouchement prématuré. En outre, il y a un risque que le bébé naisse avec un poids bas (moins de 2,5 kilos).

Les personnes qui souffrent de maladies chroniques

La grippe peut être fatale aux personnes qui souffrent d’une maladie chronique. La pneumonie et l’inflammation du péricarde font partie des conséquences les plus fréquentes pour les malades chroniques. Souvent, la grippe empire également la maladie chronique. Ainsi, chez les personnes atteintes d’asthme, les crises peuvent être plus fréquentes et chez les diabétiques, le taux de sucre dans le sang peut se dérégler. Le vaccin contre la grippe est recommandé pour les groupes et cas suivants:

  • personnes qui souffrent de troubles métaboliques, par ex. diabète ou fort surpoids

  • personnes dont le système immunitaire est affaibli, par ex. par une infection VIH ou un cancer

  • une maladie du foie, par ex. cirrhose du foie ou hépatite

  • une maladie des reins, par ex. une insuffisance rénale ou une néphrite

  • un trouble du fonctionnement de la rate

  • une maladie du cœur, par ex. une insuffisance cardiaque ou de l’artériosclérose

  • une maladie pulmonaire, par ex. de l’asthme ou une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)

  • une maladie neurologique, par ex. une sclérose en plaques ou de l’épilepsie

Vaccin pour une personne sur cinq

Les personnes qui ont des contacts étroits de manière privée ou au travail avec des groupes à risques devraient elles-aussi se faire vacciner. Il s’agit ici en premier lieu de protéger les autres d’une infection. Selon des estimations, une personne sur cinq se fait vacciner contre les virus Influenza en Suisse – pour autant que toutes les doses soient utilisées.

Bonne récupération pour les personnes en bonne santé

Adrien Kay, porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique: «Le vaccin contre la grippe n’est pas nécessaire pour les enfants et les jeunes adultes en bonne santé. La grippe évolue généralement sans complications chez eux. En outre, ils s’en remettent normalement bien.» Mais on peut tout à fait se faire vacciner pour des raisons personnelles comme des vacances, une activité sportive ou le travail.

Meilleur moment pour le vaccin

On peut se faire vacciner contre la grippe par exemple chez son médecin, dans certaines pharmacies ou dans un centre de vaccination pour une trentaine de francs. La période idéale pour le faire se situe entre mi-octobre et mi-novembre car il faut deux semaines environ avant que le vaccin ne protège de la maladie. Lors de la Journée nationale de vaccination contre la grippe, début novembre, de nombreux cabinets médicaux proposent la vaccination sans rendez-vous et parfois aussi à un tarif préférentiel.

Pour les patients à risques ou les personnes qui doivent être vaccinées en raison de leur travail, l’assurance-maladie de base ou l’employeur paie le vaccin. Les autres personnes doivent généralement payer elles-mêmes.

Vaccin – pas une garantie

Les groupes à risques doivent répéter la vaccination chaque année. «Les virus mutent et un nouveau vaccin est produit chaque année», explique Adrien Kay. En février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique aux producteurs de vaccin les souches virales que le vaccin de l’hiver suivant devrait contenir. Mais les virus peuvent encore tellement muter génétiquement jusqu’à l’automne que le vaccin de la saison peut alors être constitué de souches virales «vieillies». Le vaccin ne protégera alors plus ou pas suffisamment de la grippe saisonnière.

Symptômes moins forts

Mais pour les spécialistes comme Adrien Kay, ce n’est pas une raison pour renoncer à se faire vacciner: «Même si le vaccin n’empêche pas complètement une grippe, il n’est pas inutile. Les symptômes sont souvent moins forts et engendrent aussi moins fréquemment des conséquences graves pour la santé. En outre, le vaccin est la mesure de prévention la plus simple et la plus efficace.» Cela n’exclut pas que d’autres mesures complémentaires comme le lavage régulier des mains soient judicieuses pour se protéger des infections. Car en fin de compte, l’hiver est aussi la saison des refroidissements. «Avec un mode de vie sain et une alimentation équilibrée, on renforce en outre ses défenses immunitaires», précise Adrien Kay.

A propos de renforcer son système immunitaire: de nombreuses personnes croient justement qu’une grippe renforce les défenses immunitaires. C’est un mythe. «C’est vrai que si l’on attrape une grippe, on est ensuite immusé précisément contre cette souche de virus de la grippe. Mais cette protection diminue avec le temps. Les bénéfices d’une grippe sont bien moindres que les risque d’une maladie grave», estime Adrien Kay.

Vaccin moins efficace chez les personnes âgées

Selon le porte-parole de l’OFSP, il n’y a pas de données exactes, pour différentes raisons, sur l’efficacité de la protection du vaccin contre la grippe. Mais une chose est sûre: les seniors vaccinés ont davantage de risques de souffrir d’une grippe saisonnière que les jeunes adultes en bonne santé vaccinés. «L’efficacité d’un vaccin dépend entre autres du système immunitaire d’une personne. Et comme les autres organes du corps, le système immunitaire vieillit aussi. Il devient alors moins performant, a plus de peine à fabriquer des anticorps et peut finalement moins bien se défendre contre les virus», précise Adrien Kay. Ainsi, la protection du vaccin est aussi moins élevée. Mais des études ont montré que la vaccination annuelle reste bénéfique pour les personnes âgées. Elle a fortement réduit le nombre de décès ces dernières années.

Fonctionnement du vaccin contre la grippe

Les vaccins antigrippaux contiennent des particules de virus inactivées. Celles-ci ne provoquent pas la grippe mais le système immunitaire réagit et forme des anticorps. Ces derniers vont alors protéger le corps des mêmes virus plus tard. Comme les souches de virus mutent continuellement, il faut fabriquer chaque année un nouveau vaccin et donc se faire à nouveau vacciner chaque année.

Effets indésirables du vaccin

Un vaccin contre la grippe n’a pas que des bénéfices. Il peut aussi provoquer des effets indésirables:

  • Parfois, la zone de la piqûre rougit et fait un peu mal.

  • Moins de 10 % des personnes vaccinées souffrent de fièvre, de douleurs musculaires ou de nausées. Ces symptômes sont bénins et disparaissent d’eux-mêmes après deux jours environ.

  • Rarement, des éruptions cutanées, des œdèmes, de l’asthme ou une réaction allergique aux composants du vaccin peuvent apparaître.

  • Attention: il ne faut pas se faire vacciner quand on a de la fièvre ou une maladie aiguë. Il faut attendre d’être à nouveau en bonne santé. Pendant une maladie, le système immunitaire est déjà occupé à lutter contre les agents pathogènes et ne devrait pas être surchargé avec une vaccination.

Vaccin pas pour tout le monde

Les personnes allergiques aux composants du vaccin ou aux protéines d’œufs de poule ne devraient pas se faire vacciner. En cas de doute, mieux vaut en parler avec son médecin.

Saison de la grippe – pourquoi souvent en hiver?

La grippe sévit principalement en hiver. Les scientifiques ne savent pas encore exactement pourquoi il en est ainsi. Ils supposent que les virus se propagent particulièrement bien quand les températures sont basses. En outre, les gens ont les muqueuses plus sèches que quand il fait plus chaud en raison de l’air sec et du chauffage. Elles peuvent alors moins bien se défendre que si elles étaient humides et intactes. S’y ajoute le fait que les gens séjournent la plupart du temps dans des locaux fermés en hiver et se contaminent alors les uns les autres. Cette transmission se fait par exemple par infection par gouttelettes. Les personnes inspirent les virus qui sont envoyés dans l’air par les éternuements, la toux ou les postillons. Ou il peut aussi arriver que l’on soit contaminé par une poignée de main ou en embrassant une personne infectée par la grippe.

Auteure: Vanessa Naef
Traduction et rédaction: Marie-Noëlle Hofmann
Contrôle scientifique: Dr phil. nat. Anita Finger Weber
Sources
  • Documentation de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP)

  • Adrien Kay, porte-parole de l'OFSP