Glossaire
Pratiquement tout le monde vit une fois une crise, souffre d’humeur dépressive ou pire. Explications des principales expressions spécialisées sur le sujet.
Big Five ou OCEAN
Les psychologues définissent la personnalité, autrement dit ce qui constitue l’essence de la personne, à partir de cinq facteurs («big five», en anglais, ou OCEAN en français). Ils permettent de décrire les différences de personnalité dans toutes les cultures:
Ouverture (à l’expérience): plus une personne est ouverte, plus elle aimera les nouvelles expériences. Les gens ouverts apprécient l’art, ils sont généralement intellectuels, cultivés et pleins de fantaisie. Les gens moins ouverts sont plutôt traditionnels, conservateurs et apprécient peu les nouvelles expériences. Ils sont en revanche plus objectifs et réalistes.
Conscience: les individus consciencieux planifient minutieusement leurs actes, sont fiables, précis et persévérants. Ceux qui sont moins consciencieux seront plus spontanés, moins minutieux, plus cool et souvent aussi plus désordonnés.
Extraversion: les personnes extraverties sont bavardes, sincères, entreprenantes et sociables. A l’inverse, les personnes introverties sont discrètes, repliées sur elles-mêmes, réservées, calmes et indépendantes.
Agréabilité: les personnes très conciliantes ont souvent un côté social. Elles sont bienveillantes, compatissantes, amicales et coopératives. Les personnes moins chaleureuses ont tendance à être égocentriques et à considérer leurs semblables avec méfiance et incompréhension.
Névrosisme: les personnes avec un névrosisme très développé sont considérées comme anxieuses, nerveuses, tendues. Elles manquent souvent de confiance en elles et sont instables. A l’inverse, les individus peu névrotiques sont stables, détendus, satisfaits et tranquilles.
Burn-out
Le terme de «burn-out» vient de l’anglais «to burn out» qui signifie se consumer, brûler de l’intérieur. Le burn-out se développe le plus souvent de manière insidieuse et pendant une longue période à l’insu de la personne concernée. D’importantes surcharges de travail associées à un manque de phases de récupération finissent un jour ou l’autre en surmenage. Si cet état perdure sur le long terme, cela peut entraîner un important épuisement psychique – un burn-out. L’incapacité d’une personne à vraiment récupérer en dépit d’occasions pour le faire est un signe net de burn-out. Les symptômes typiques sont la fatigue chronique, la distanciation par rapport au travail, les troubles physiques (par ex. troubles du sommeil, vulnérabilité accrue aux maladies), des changements psychiques (par ex. irritabilité accrue, anxiété intérieure), une limitation des facultés cognitives (par ex. problèmes de concentration, difficulté à prendre des décisions) ou des modifications du comportement (par ex. isolement social, hyperactivité). Le burn-out s’accompagne souvent d’une maladie psychique, mais n’en est pas une. On ne peut notamment pas le comparer à la dépression.
Cohérence
Pour faire simple, on peut dire que le terme de cohérence signifie disposer des ressources nécessaires pour faire face aux défis de l’existence. Le concept de cohérence a été développé par le psychologue Aaron Antonovsky et constitue l’élément central de ce que l’on appelle la salutogenèse. Dans les années 70, Antonovsky avait constaté que de nombreuses survivantes de l’Holocauste souffraient encore bien des années plus tard psychiquement et physiquement de ce qu’elles avaient vécu alors que d’autres avaient guéri. Il en avait déduit que certaines personnes réussissent à faire le tri mental de leur expériences traumatiques et de les assimiler, aussi horribles soient-elle. Pour Antonovsky, ce «sens de la cohérence» constitue l’élément principal de ce que l’on appelle aujourd’hui la résilience ou résistance psychique.
Coping
Quand un individu traverse une crise, il essaie de s’en sortir. C’est un processus individuel. L’ensemble des stratégies qu’une personne met en place pour gérer ou éviter une situation difficile s’appelle le coping. La psychologie distingue cinq stratégies de coping différentes:
l’agression, autrement dit la gestion violente de la crise
la supplication, la recherche d’aide/la soumission pour gérer la crise
l’invention, autrement dit une gestion de la crise inventive/qui cherche à résoudre les problèmes
la révision, soit la gestion de la crise par réévaluation de la situation
l’acclimatation, soit la gestion de la crise par ajustement
Chaque individu peut recourir à ces stratégies. Le choix de la stratégie utilisée dépend de la situation ainsi que du point de vue, de l’humeur, du tempérament et des expériences de la personne. Le coping désigne uniquement l’ensemble des efforts produits par l’individu pour maîtriser, réduire ou éviter une situation et non la stratégie en elle-même.
Crise
Le terme de crise vient du grec «krisis» qui signifie séparer, faire un choix, décider. Aujourd’hui, le terme désigne généralement une période difficile, une situation tendue. On l’utilise par exemple en économie pour désigner la phase entre l’essor économique et la décroissance, ou en médecine, pour parler de la manifestation violente de symptômes de maladie, survenant en pleine santé apparente. En psychologie, le terme définit la perte de l’équilibre psychique. Caractéristique de la crise: la personne concernée ne peut pas surmonter seule cet état. De telles situations dramatiques avec des conflits psychiques peuvent être provoquées par des événements particuliers, par exemple des examens ou un divorce, mais aussi par certaines phases de la vie, comme la puberté ou la ménopause.
Sondage
Crise de la quarantaine
La crise de la quarantaine, ou crise de milieu de vie d’après le terme anglais «midlife crisis» imaginé par le psychologue Elliot Jaques en 1965, désigne le fait que de nombreuses personnes traversent une crise entre 40 et 60 ans. Les raisons sont multiples: la prise de conscience qu’on ne réalisera jamais certains rêves et objectifs, la fin de la relation de couple, les enfants qui quittent le nid familial… A cela s’ajoutent l’apparition des premiers signes de vieillissement physique et l’approche de la ménopause chez la femme ou la baisse progressive du taux de testostérone chez l’homme. Durant la crise de la quarantaine, les personnes concernées se demandent souvent ce que la vie pourrait encore leur apporter à l’avenir. Mais toutes les crises qui frappent les individus d’âge moyen ne sont pas des crises de milieu de vie. Il peut aussi s’agir de dépression, laquelle nécessite souvent un traitement.
Dépression
Une dépression est une maladie psychique qui peut se manifester de différentes manières. Par une constante humeur dépressive, un manque d’énergie ou une perte totale d’intérêt. S’y ajoutent de nombreux symptômes physiques, qui vont de l’insomnie aux états douloureux en passant par les troubles alimentaires. Ces symptômes peuvent signaler une dépression, mais ils peuvent aussi avoir d’autres origines. Demandez conseil à votre médecin. Une dépression peut durer longtemps ou apparaître de manière récurrente et elle perturbe considérablement la vie des personnes concernées, que ce soit au travail, pour apprendre ou plus généralement au quotidien. Dans le pire des cas, la dépression peut conduire au suicide. La conjonction de plusieurs facteurs peut provoquer la maladie, notamment des spécificités biologiques (par ex. des prédispositions génétiques) ou des facteurs psychosociaux (par ex. des événements pénibles). En Suisse, près de 30 % de la population fait état de symptômes dépressifs, comme le montre le vaste monitorage 2016 de l’Observatoire suisse de la santé. Les symptômes faibles sont plus répandus chez les femmes que chez les hommes, alors que la part des symptômes moyens à sévères est comparable entre les deux sexes. Les états dépressifs subjectifs diminuent avec l’âge et le niveau de formation.
Emotions
Jusqu’à présent, la science considérait qu’il y avait six émotions fondamentales: la peur, le dégoût, la joie, la tristesse, la surprise et la colère, qui se mélangent pour composer toutes les autres émotions. Mais des psychologues de l’Université américaine de Berkeley viennent de découvrir une palette beaucoup plus large d’émotions: 27*. Les chercheurs ont montré à 853 volontaires 30 vidéos, avec notamment des enfants tout sourire ou en pleurs, de mignons petits chatons, des accidents de la route, des ébats sexuels ou encore des tempêtes. Objectif: déclencher des émotions. Les participants ont ensuite nommé les états émotionnels ressentis, notamment l’adoration, l’ennui, le calme ou l’envie. Les psychologues ont ainsi finalement pu identifier 27 émotions différentes. Ils espèrent maintenant que cette découverte permettra d’améliorer les méthodes de traitements psychiatriques. Cette répartition plus précise des émotions pourrait permettre d’aider les personnes dépressives de manière plus ciblée, les oscillations émotionnelles allant désormais au-delà de la peur et de la colère.
* Peur, dégoût, horreur, malaise (embarras), désir sexuel, romance, nostalgie, tristesse, colère, douleur (empathique), surprise, soulagement, excitation, intérêt, ennui, confusion, émerveillement, calme, envie (de nourriture), appréciation esthétique, admiration, adoration, joie, étonnement, amusement, satisfaction, anxiété.
Optimisme - pessimisme
L’optimisme et le pessimisme sont deux états d’esprits fondamentalement différents. Les personnes optimistes ont une approche plutôt positive des choses, les pessimistes, plutôt négative. Ces dernières années, plusieurs études scientifiques ont démontré l’influence positive de l’optimisme sur la santé. Il y a différentes raisons à cela. D’une part, les optimistes vivent peut-être globalement plus sainement, puisqu’ils ne fument pas et bougent plus. Ils considèrent aussi leurs objectifs comme plus facilement réalisables, ce qui augmente leur engagement et donc leurs chances de réussir. Les optimistes gèrent aussi mieux les situations de stress et demandent plus facilement de l’aide. Enfin, des différences apparaissent même au niveau des chromosomes, et plus précisément en ce qui concerne la longueur des télomères. Les télomères sont des fragments d’ADN qui protègent les extrémités des chromosomes. Or des chercheurs ont découvert que les télomères sont plus courts chez les personnes à forte tendance pessimiste.
Stress
Dans la vie, l’homme est toujours confronté à de nouveaux défis. Chaque situation est instantanément analysée et évaluée, par exemple comme étant agréable ou dangereuse. En cas de danger, le corps réagit. Il libère des hormones du stress, comme l’adrénaline et le cortisol, grâce auxquelles l’individu peut réagir de manière adéquate au danger, que ce soit par la lutte ou par la fuite. Une fois le danger écarté, le corps retrouve son état normal. Ou devrait le faire. Si tel n’est pas le cas et que le stress devient permanent, en raison par exemple d’une pression trop importante au travail ou à l’école, de l’omniprésence de moyens de communication toujours plus rapides ou d’attentes généralement trop élevées, la personne peut tomber malade. L’individu stressé se sent mal, il devient anxieux ou abattu, lunatique ou impatient.
Traumatisme
Le terme traumatisme vient de «traûma», mot du grec ancien qui signifie «blessure». Les gens vivent comme traumatisantes des expériences fortes telles que des accidents ou maladies graves et des catastrophes naturelles mais aussi d’importantes violences psychiques, physiques ou sexuelles, de même que de fortes expériences de perte ou de négligence. Les événements traumatisants peuvent engendrer un trouble de stress post-traumatique.
Trouble anxieux
La peur, en elle-même, est une bonne chose. Elle se manifeste en présence d’un danger et aide à survivre, par exemple pour traverser une rue. Mais la peur peut nous submerger dans des situations qui ne présentent aucun danger, par exemple lorsqu’on se retrouve dans une foule énorme. Les personnes qui souffrent d’un trouble anxieux présentent différents symptômes, comme des douleurs dans la poitrine, des tremblements, des vertiges, de la tachycardie ou une détresse respiratoire. Les troubles anxieux se soignent bien, mais plus on attend longtemps, plus les troubles peuvent s’aggraver.
Trouble de stress post-traumatique
Le trouble (ou syndrome) de stress post-traumatique est une réaction psychique qui se manifeste suite à un événement extrêmement traumatisant (traumatisme), comme un grave accident, un acte de violence, une catastrophe naturelle ou la guerre. Les personnes concernées ressentent des émotions comme la peur ou la vulnérabilité ainsi que de la détresse et la perte de contrôle. Un trouble de stress post-traumatique se caractérise principalement par le fait de revivre constamment l’événement traumatique, par des souvenirs envahissants (souvenir pénibles récurrents et involontaires, flash-back) ou des cauchemars répétitifs. Un sentiment de détachement ou d’éloignement des autres peut aussi apparaître de même que de l’indifférence, une absence d’intérêt et une incapacité à ressentir des émotions positives. Les personnes concernées évitent les activités et les situations qui peuvent leur rappeler le traumatisme. Il y a souvent une irritabilité excessive du système nerveux végétatif, qui se traduit par une vigilance accrue, de la nervosité (sursauts) et des insomnies. Ces troubles peuvent se manifester peu après le traumatisme, mais aussi des mois, voire des années après.
Traduction: Claudia Spätig
Rédaction: Marie-Noëlle Hofmann
Contrôle scientifique: Dr phil. nat. Anita Finger Weber
- Sources
M. A. Wirtz (éd.): «Lexikon der Psychologie», Verlag Hogrefe, 2014
Christina Berndt: «Resilienz. Das Geheimnis der psychischen Widerstandskraft», Deutscher Taschenbuchverlag, 2013
Online-Lexikon für Psychologie und Pädagogik, www.lexikon.strangl.eu
Staatssekretariat für Wirtschaft Seco (éd.): «Erschöpfung frühzeitig erkennen – Burnout vorbeugen», Broschüre, 2015
«Medizinisches Fachwörterbuch von A – Z. Kleines Lexikon für Pflege- und Gesundheitsfachberufe», Elsevier, 2018
Dr med. Eva Kalbheim: «Resilienz für Dummies», Wiley-VCH Verlag GmbH, 2016
Daniela Schuler, Alexandre Tuch, Nathalie Buscher, Paul Camenzind: «La santé psychique en Suisse. Monitorage 2016», Observatoire suisse de la santé (Obsan), 2016
Alan S. Cowen and Dacher Keltner: «Self-report captures 27 distinct categories of emotion bridged by continuous gradients», PNAS, 2017
Jürgen Bengel, Lisa Lyssenko: «Resilienz und psychologische Schutzfaktoren im Erwachsenenalter», Bundeszentrale für gesundheitliche Aufklärung, 2012
Sigrun-Heide Filipp, Peter Aymanns: «Kritische Lebensereignisse und Lebenskrisen: Vom Umgang mit den Schattenseiten des Lebens», Kohlhammer Verlag, 2018
Bundesministerium für Arbeit, Soziales, Gesundheit und Konsumentenschutz, Öffentliches Gesundheitsportal Österreichs, www.gesundheit.gv.at
Université de Zurich, clinique pour la psychiatrie consilliaire et la psychosomatique, www.psychiatrie.usz.ch
Dr phil. nat. Anita Finger Weber, Anania Hostettler, Christine Funke, pharmacienne dipl. féd.: «Dossier spécialisé Stress», Association suisse des droguistes (ASD), 2018
Deutsche Traumastiftung, www.deutsche-traumastiftung.de
Deutschsprachige Gesellschaft für Psychotraumatologie, www.degpt.de