En santé grâce à la médecine naturelle

Près de 60 % des Suisses se disent convaincus par les bienfaits de la médecine naturelle. Les chercheurs aussi opèrent un «retour aux sources».

Les débats autour de l'efficacité des remèdes naturels sont aussi vieux que la médecine elle-même. Tout le monde admet aujourd'hui que la griffe du diable soulage les douleurs articulaires et que la valériane facilite le sommeil. En outre, après la publication de l'étude «Gerac» concernant l'efficacité de l'acupuncture, même les allopathes les plus sceptiques sont obligés de reconnaître les bienfaits de cette médecine complémentaire. Toutefois, dès que l'on aborde des formes de thérapies plus sensibles – l'homéopathie par exemple – il est bien difficile d'avancer des preuves «scientifiques» concernant l'efficacité d'une telle méthode. Malgré tout, la médecine naturelle reste un domaine incontournable en matière de recherche; elle bénéficie d'une longue tradition et les expériences liées aux traitements sont plus intéressantes que jamais pour les chercheurs.

Retour aux sources

Pendant des millénaires, la recherche en matière de médicaments se basait uniquement sur des substances directement issues de la nature. Aujourd'hui encore, près de 70 % des médicaments mis sur le marché sont fabriqués à base de produits naturels. Suite aux résultats obtenus dans le domaine de la génétique et de la biotechnologie, la recherche pharmacologique s'est progressivement concentrée sur les médicaments de synthèse dès les années 80. Mais les attentes placées dans ce nouveau type de médicaments étaient démesurées: au début du 21e siècle, par conséquent, les chercheurs ont opéré un retour aux sources: ils misent aujourd'hui de nouveau sur les forces de la nature.

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Remèdes des profondeurs

En Suisse, la recherche en matière de plantes médicinales jouit d'une bonne réputation. Le Prof. Dr Beat Meier, chargé de cours en matière de phytothérapie à l'Institut de biotechnologie de Wädenswil, estime que «la nature, et plus particulièrement les plantes médicinales, renferment tout ce qu'il faut pour concevoir les médicaments de demain» et qu'il suffit en fait de les redécouvrir.

Jusqu'à ce jour, 1,8 million de plantes et animaux ont été décrits et répertoriés. Et entre 3 et 30 millions attendent encore d'être découverts et exploités. Pour trouver ces derniers, les chercheurs parcourent le globe. Ils s'intéressent aux fonds marins, à la faune et à la flore des forêts tropicales, mais aussi aux espaces polaires. A titre d'exemple, ils espèrent pouvoir tirer profit de substances contenues dans les bactéries vivant en milieu glaciaire. Ces dernières doivent être à même de résister à des températures extrêmes et à des eaux fortement salées. Ces découvertes devraient déboucher sur la création de nouveaux médicaments, notamment dans le domaine des maladies cardiovasculaires et de la lutte contre le cancer.

Le client est roi

La médecine naturelle n'a pas seulement la cote auprès des chercheurs, les patients l'apprécient aussi beaucoup. Un sondage Demoscope, réalisé en 2007, le confirme. Près de 60 % des Suisses ont déjà eu recours à des méthodes de médecine complémentaire. C'est surtout dans le domaine de la prévention que les Suisses utilisent des médicaments naturels. Pour choisir un médicament naturel, ils se basent surtout sur la bonne réputation du remède ou des recommandations personnelles. C'est aussi parce qu'ils ont peur d'éventuels effets secondaires que les patients font de plus en plus confiances aux thérapies douces. Cette peur n'est pas totalement infondée. Alors que la médecine empirique a depuis longtemps démontré l'efficacité de nombreux remèdes naturels, il n'existe pas encore d'études de longue durée similaires concernant tous les médicaments de synthèse. Sans oublier le facteur financier: la prévention avec des remèdes naturels coûte moins cher aux patients que les traitements avec des médicaments de synthèse.

Photo: © pixabay.com
Auteur et rédaction: Didier Buchmann
Traduction: Michel Schmid, Claudia Spätig
Sources
  • gerac.de

  • «Naturmedizin zwischen Zweiflern und Gläubigern», discours de l’Université Justus-Liebig de Giessen

  • medizinauskunft.de

  • Haute école de Zurich de sciences appliquées

  • Institut Alfred Wegener pour la recherche polaire et marine

  • Sondage Demoscope 2007

  • Sondage Allensbach