Petit abécédaire des maladies cardiaques

Angine de poitrine, artériosclérose et autres

Un système cardiovasculaire fonctionnel est indispensable pour la vie. Mais il peut aussi souffrir de maladies.

Les maladies cardiovasculaires sont très répandues en Suisse. Voici un petit résumé des principales maladies.

Angine de poitrine

L’angine de poitrine, aussi appelée angor, est un trouble de l’irrigation sanguine du cœur, le plus souvent provoqué par une calcification des artères (artériosclérose, voir ci-dessous). Cette perturbation de l’irrigation sanguine entraîne un apport insuffisant d’oxygène au muscle cardiaque. Ce qui déclenche la sensation typique d’oppression dans la poitrine et des douleurs thoraciques. Parfois, les douleurs peuvent irradier dans le cou, les bras, les épaules ou la partie supérieure de l’abdomen. L’angine de poitrine peut aussi s’accompagner d’une détresse respiratoire.

Artériosclérose

L’artériosclérose est généralement plus connue sous le nom de calcification des artères. Il s’agit d’une altération pathologique des vaisseaux sanguins qui se développe au fil des ans. La paroi interne des artères n’est plus aussi lisse et des plaques peuvent s’y déposer, lesquelles contiennent notamment du cholestérol et du calcaire. Les vaisseaux perdent alors en élasticité et leur diamètre ne cesse de se réduire. Plus les facteurs de risque sont nombreux, plus le danger est grand de souffrir d’artériosclérose.

La maladie peut toucher toutes les artères du corps. Si elle provoque un rétrécissement ou une obstruction des artères du cou ou du cerveau, il y a alors un risque d’accident vasculaire cérébral. Si elle porte sur les vaisseaux coronariens, elle provoque une maladie coronarienne, autrement dit une angine de poitrine ou, dans le pire des cas, un infarctus du myocarde ou une insuffisance cardiaque.

Arythmie cardiaque

Au repos, le cœur bat normalement 60 à 70 fois par minute. Cela peut aller jusqu’à 180 fois en cas d’efforts physiques ou de stress. On parle d’arythmie cardiaque quand le cœur bat trop lentement, trop vite ou de manière irrégulière. Les symptômes ressentis dépendent du type d’arythmie. Un rythme cardiaque trop lent peut provoquer des vertiges, une baisse des performances et de brèves pertes de connaissance, tandis qu’un rythme trop rapide provoque la sensation que le cœur s’emballe et bat très fort. Certaines personnes ressentent un pouls irrégulier, un essoufflement, des sueurs ou une pression dans la poitrine. D’autres, en revanche, ne remarquent pas, ou à peine, leur trouble du rythme cardiaque. Il convient de consulter un médecin en cas de battements de cœur trop forts, accélérés ou irréguliers ou encore de palpitations, en particulier si les symptômes mentionnés ci-dessus les accompagnent.

Attaque cérébrale

En Suisse, près de 16 000 personnes sont victimes chaque année d’une attaque cérébrale, aussi appelée accident vasculaire cérébral (AVC). Une attaque cérébrale se produit quand l’apport sanguin est interrompu dans une région du cerveau. On distingue différentes formes d’AVC.

  • Dans près de 85 % des cas, un caillot de sang obstrue un vaisseau sanguin. Les cellules nerveuses de la zone touchée reçoivent trop peu ou pas du tout d’oxygène ni de substances nutritives. Elles sont alors très vite endommagées et meurent. Ce type d’attaque cérébrale est aussi appelé infarctus cérébral ischémique.

  • Une forme nettement plus rare est l’hémorragie cérébrale. Dans ce cas, un vaisseau se déchire, de sorte que du sang se répand dans le tissu cérébral.

  • L’hémorragie sous-arachnoïdienne est plus rare encore. Il s’agit d’une déchirure d’un vaisseau dans la zone des méninges et le sang se répand entre les méninges et le cerveau.

Il est important de reconnaître rapidement une attaque cérébrale et de réagir correctement. Dans la plupart des cas, un ou plusieurs symptômes suivants se manifestent:

  • soudaine paralysie, troubles sensitifs ou faiblesse, le plus souvent d’un seul côté du corps (visage, bras ou jambe)

  • cécité subite (souvent d’un seul œil) ou vision double

  • difficultés à parler ou à comprendre ce qui est dit

  • vertiges violents avec incapacité de marcher

  • maux de tête soudains, inhabituels, intenses

En cas de soupçon d’attaque cérébrale, réagissez immédiatement et appelez le numéro d’urgence 144.

Fibrillation auriculaire

La fibrillation auriculaire est le trouble du rythme cardiaque le plus fréquent. En Suisse, elle touche environ 1 % de la population. Chez les plus de 75 ans, la proportion est d’environ 10 %, soit quelque 100 000 personnes. Elle est causée par une sorte de «tempête électrique» dans le système de conduction cardiaque. Les oreillettes et les ventricules se contractent trop vite et de manière non synchronisée. Les performances du cœur diminuent alors. En fonction de la fréquence et de la durée, on distingue trois formes de fibrillation auriculaire:

  • fibrillation auriculaire paroxystique: elle se manifeste sous forme de crises aiguës qui ne durent pas plus de sept jours et se terminent spontanément.

  • fibrillation auriculaire persistante: elle dure plus de sept jours et ne se termine pas spontanément. Mais un traitement peut normaliser le rythme cardiaque.

  • fibrillation auriculaire permanente: elle reste présente durablement. Il n’est pas possible de retrouver un rythme normal.

De nombreuses personnes concernées ressentent des battements de cœur accélérés, des palpitations qui durent plusieurs heures, voire plus longtemps encore. D’autres symptômes peuvent être une sensation de serrement ou pression dans la poitrine, de la fatigue ou des difficultés respiratoires. Les troubles peuvent disparaître lorsque les crises d’arythmie aiguës se transforment en fibrillation auriculaire permanente. Il se peut aussi qu’ils ne se manifestent que dans certaines situations. Chez de nombreux patients, la fibrillation auriculaire ne provoque aucun trouble.

En principe, elle ne représente pas un danger aigu. Mais si elle n’est pas traitée, elle peut avoir de graves conséquences. En raison de l’irrégularité des mouvements de pompe des oreillettes, des caillots de sang ont tendance à se former dans le cœur. Si l’un de ces caillots est entraîné dans la circulation sanguine et va obstruer une artère du cerveau, une attaque cérébrale se produit.

Fibrillation ventriculaire

En cas de fibrillation ventriculaire, le cœur bat plus de 320 fois par minute. C’est tellement rapide que le cœur ne peut plus assurer la circulation du sang. Résultat: un arrêt cardio-circulatoire. La personne concernée perd soudain connaissance, ne réagit pas quand on lui parle ou qu’on la secoue. Elle cesse de respirer, son pouls n’est plus perceptible. En l’absence de mesures immédiates de réanimation, l’accident est mortel.

Infarctus du myocarde

Le cœur est approvisionné en oxygène par des vaisseaux sanguins, les artères coronaires. Lorsqu’une de ces artères disposées en forme de couronne autour du cœur est obstruée, généralement suite à un caillot sanguin provoqué par une maladie coronarienne, il y a infarctus. Le muscle cardiaque n’étant plus approvisionné en oxygène, il meurt. Les symptômes peuvent être variés, comme des douleurs qui irradient dans les bras, le dos ou l’abdomen, des difficultés à respirer, des sueurs froides, une perte de connaissance et des troubles du rythme cardiaque qui peuvent aller jusqu’à l’arrêt cardio-circulatoire. Chez les femmes, les diabétiques et les personnes âgées, il se peut que les symptômes suivants soient les seuls signaux d’alarme: difficultés respiratoires, nausées inexplicables et vomissements, sensation de pression dans la poitrine, le dos et l’abdomen.

Essentiel: un infarctus est une urgence, il faut agir immédiatement. Appelez le numéro d’urgence 144. Si la personne est sans connaissance et ne respire pas, commencez immédiatement un massage cardiaque, utilisez un défibrillateur, s’il y en a un et continuez jusqu’à l’arrivée de l’ambulance.

Insuffisance cardiaque

Lorsque le cœur n’est plus capable de fournir au corps suffisamment de sang et donc d’oxygène, on parle d’insuffisance cardiaque ou de faiblesse cardiaque. Les capacités physiques sont alors diminuées. Symptômes typiques: difficulté à respirer en cas d’effort, fatigue et épuisement. S’y ajoutent souvent des problèmes de rétention d’eau (œdème) dans les jambes, les chevilles ou les pieds. L’insuffisance cardiaque peut avoir différentes origines.

Fréquemment:

  • calcification (maladies coronariennes, maladies cardiaques, artériosclérose) des artères coronaires

  • infarctus du myocarde

  • hypertension

Plus rarement:

  • valvulopathie

  • maladies cardiaques inflammatoires (endocardite, myocardite)

  • cardiopathie congénitale

  • abus d’alcool ou de stupéfiants

La Fondation suisse de cardiologie propose sur son site internet un test d’insuffisance cardiaque.

Maladie du lèche-vitrine

Nombreux sont ceux qui souffrent de troubles de la circulation sanguine. La cause est souvent une calcification des vaisseaux. Alors que certaines maladies qui en découlent comme l’infarctus ou l’accident vasculaire cérébral sont bien connues, bien des gens ne savent pas ce qu’est l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs. Maladie que l’on appelle plus communément la maladie du lèche-vitrine. En raison d’un trouble de la circulation dans les membres inférieurs, les personnes concernées ont tellement mal aux jambes après avoir parcouru une petite distance qu’elles doivent s’arrêter. Ces troubles disparaissent généralement après une brève pause, de sorte qu’elles peuvent à nouveau faire un petit bout de chemin avant de devoir à nouveau s’arrêter. Elles vont ainsi d’une vitrine à l’autre, regardent les articles exposés avant de refaire quelques pas jusqu’à ce que leurs douleurs s’accentuent à nouveau.

Syndrome du cœur brisé

Les peines de cœur! Cette impression qu’on nous arrache le cœur de la poitrine. Or avoir le «cœur brisé» est effectivement bien plus qu’un problème émotionnel. On peut en mourir. Il s’agit alors du syndrome de Takotsubo, aussi appelé syndrome du cœur brisé, qui est une maladie encore fort méconnue. Elle provoque des symptômes similaires à ceux d’un infarctus, mais doit être traitée autrement. Les vaisseaux ne sont pas bouchés, c’est la fonction de pompe du cœur qui est fortement perturbée. Les personnes concernées ont des douleurs ou un sentiment de serrement dans la poitrine, des palpitations et des crises d’étouffement. Caractéristique: la forme du ventricule gauche est fortement modifiée. Le sommet du cœur est ballonné alors que sa base est rétrécie, l’artère principale est d’ailleurs si rétrécie que le sang ne peut plus passer dans le corps. C’est à sa forme que le syndrome doit d’ailleurs son nom. Des chercheurs japonais ont décrit ce syndrome pour la première fois dans les années 1990 et comme la forme modifiée du cœur rappelait celle d’un piège à poulpes japonais, le Takotsubo, ils l’ont appelé ainsi. Les facteurs déclencheurs seraient le stress, les fortes charges émotionnelles mais aussi les événements extrêmement réjouissants. En 2019, un groupe de chercheurs composé de cardiologues de l’hôpital universitaire de Zurich et de neuroscientifiques de l’Université de Zurich ont démontré pour la première fois que les patients atteints du syndrome de Takotsubo n’ont pas seulement un problème au niveau du cœur mais présentent également des modifications au niveau du cerveau.

Le stimulateur cardiaque

En Suisse, plus de 35 000 personnes vivent avec un stimulateur cardiaque (ou pacemaker). Il s’agit d’un petit appareil en titane, implanté provisoirement ou définitivement sous la peau dans la cage thoracique. Le boîtier renferme une pile et un module électronique. Le stimulateur est relié au cœur par une ou plusieurs sondes. Il n’entre en fonction que lorsque le rythme cardiaque spontané est trop lent ou interrompu. Il donne alors une impulsion électrique qui provoque le battement normal du muscle cardiaque. Il est toutefois possible que le fonctionnement du stimulateur cardiaque soit perturbé par des champs électromagnétiques. Le stimulateur peut réagir en étant inhibé, ce qui peut provoquer des malaises et un rythme cardiaque trop lent, ou en stimulant de manière mal synchronisée. La stimulation désynchronisée est également possible en cas d’application d’un aimant sur le stimulateur, raison pour laquelle l’utilisation de certains appareils demande la plus grande prudence. La brochure «Les stimulateurs cardiaques» de la Fondation suisse de cardiologie dresse la liste des appareils dangereux et des appareils présentant des risques négligeables ou importants d’interférence.

Un nouveau cœur

La première transplantation cardiaque a eu lieu le 3 décembre 1967, dans la ville sud-africaine du Cap. Le chirurgien Christiaan Barnard a opéré cette greffe sur Louis Washkansky, 54 ans, qui souffrait d’insuffisance cardiaque suite à plusieurs infarctus. L’organe provenait d’une jeune femme, victime d’un accident de la route et en état de mort cérébrale. Louis Washkansky est mort à son tour 18 jours plus tard d’une pneumonie. Les années suivantes, la plupart des autres transplantés ne survécurent pas non plus, car leur corps rejetait l’organe étranger. Les médicaments anti-rejet n’étaient pas encore au point à cette époque. En Suisse, la première transplantation cardiaque a eu lieu le 14 avril 1969. En 2018, 50 cœurs ont été greffés en Suisse. Alors que près de 150 personnes étaient en attente d’un nouveau cœur. Le cœur artificiel, que le patient doit porter avec lui comme un petit coffret n’est qu’une solution transitoire. Les médecins ont déjà procédé en vain à des expériences avec des cœurs de singes. Les recherches les plus prometteuses portent sur des cœurs de porcs génétiquement modifiés. Et l’EPF de Zurich planche actuellement sur la fabrication d’un cœur artificiel en silicone mou, en utilisant les technologies numériques les plus modernes et l’impression 3D. Le projet «Zurich Heart» réunit 18 groupes de chercheurs, avec des ingénieurs, des experts en matériaux, des biologistes et des médecins de Zurich et de Berlin.

Auteure: Bettina Epper
Traduction: Claudia Spätig
Rédaction: Marie-Noëlle Hofmann
Contrôle scientifique: Dr phil. nat. Anita Finger Weber
Sources
  • Tribune du droguiste

  • Dr med. Stefan Waller: «Der Dr. Heart Herz-Coach. Herzinfarkt verhindern, besser und bewusster leben», Gräfe und Unzer Verlag, 2017

  • Susanne Unverdorben, Martin Unverdorben: «Kardiologie kompakt. Kleines Fachlexikon für Patienten und Übungsleiter», Spitta Verlag GmbH & Co. KG, 2013

  • Dr med. Marianne Koch: «Das Herz-Buch. Wie wir unser Herz schützen und gesund erhalten können», dtv Verlagsgesellschaft, 2015

  • Brochure: «Un coeur en bonne santé. Connaître et prévenir les facteurs de risque cardio-vasculaires», Fondation suisse de cardiologie, 2015

  • Université de Zurich

  • Fondation suisse de cardiologie

  • Christopher Scharf: «Das Pulsbuch. Herzrhythmus und Herzkrankheiten», Orell Füssli Verlag, 2018

  • Hôpital universitaire de Bâle

  • Clinique universitaire de Freiburg (D)

  • Elsevier GmbH: «Medizinische Fachwörter von A-Z», Urban & Fischer, 2018

  • Office fédéral de la santé publique (OFSP): «Fiche d'information Cuisinière à induction»

  • www.swisstransplant.ch

  • www.aerzteblatt.de