Test de lactate: explications
Courir dans la nature procure du plaisir… Pour que ça le reste, les tests de lactate aident à déterminer la zone d’intensité d’entraînement idéale et à éviter toute surcharge.
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C’est un peu frustrant: après dix kilomètres, notre partenaire de course a certes un pouls plus élevé, mais elle court encore facilement et semble très fraîche, alors que nous, malgré un pouls plus bas, la suivons poussivement. Ce qui démontre une fois de plus que
a) notre propre forme n’est pas vraiment bonne et
b) que la règle d’or «180 moins l’âge = le pouls adapté à l’entraînement» ne joue pas toujours. Des études scientifiques portant sur des milliers de participants ont effectivement montré que cette règle n’est guère valable que pour la moitié des gens – reste à savoir quelle moitié…
Thomas Wessinghage
Thomas Wessinghage, 66 ans, est un des plus fameux coureurs de longues et moyennes distances. Il a obtenu le titre de champion d’Europe du 5000 mètres en 1982 à Athènes. Depuis 2008, il est médecin-chef, directeur médical et directeur de trois cliniques à Bad Wiessee (D). Il enseigne aussi à la Haute école allemande de prévention et de gestion de la santé, dont il est vice-recteur pour le développement de l’école et le transfert.
Rien d’étonnant alors à ce qu’on ait développé des tests qui donnent des informations plus exactes sur le niveau d’entraînement et qui permettent de mettre au point des plans d’entraînement individuels. Le test des valeurs de lactate (voir encadré ci-dessous) passe pour être l’un des tests les plus simples à pratiquer. «En ayant procédé à de nombreux tests de mesure du lactate», explique le Dr Thomas Wessinghage, ancien champion européen du 5000 mètres, «nous pouvons aujourd’hui déterminer assez précisément l’intensité des efforts fournis par un sportif. On peut ainsi donner des recommandations très exactes pour l’entraînement et les compétitions en reliant les valeurs de lactate et la fréquence cardiaque de l’individu.» Il apparaît évident que cela est aussi judicieux pour les sportifs amateurs qui veulent participer à des courses populaires, comme la course des femmes de Berne ou les 20 km de Lausanne.
Test de mesure du lactate: mode d’emploi
Les participants effectuent plusieurs tests d’effort de trois à six minutes à la suite. Ils augmentent progressivement la vitesse, jusqu’à atteindre leur limite et devoir interrompre le test. A chaque niveau, on mesure leur pouls et on prélève un peu de sang dans le lobe de leur oreille. C’est ce sang qui permet de mesurer le taux de lactate. On peut ainsi analyser et comparer le taux de lactate, la fréquence du pouls et la vitesse d’entraînement. Au final, il est possible de déterminer la fréquence du pouls pour chaque niveau d’entraînement et donc d’avoir la certitude de s’entraîner au bon niveau, sans que les muscles soient insuffisamment ou trop sollicités. Si vous voulez faire un test de mesure du lactate, adressez-vous à un médecin du sport.
Jambes alourdies par l’hyperacidité
Le lactate est le sel de l’acide lactique, qui se forme dans l’organisme lorsque le corps est soumis à d’intenses efforts physiques et qu’il ne dispose pas d’assez d’oxygène pour y faire face. «Quand la quantité d’acide lactique est importante, un état d’hyperacidité s’installe brièvement», poursuit Thomas Wessinghage, «Cette hyperacidité provoque le phénomène des jambes lourdes. Ce qui nécessite de réduire le rythme de la course. La respiration rapide évacue des acides, et plus précisément du gaz carbonique.»
Le lactate n’est pas du lactose
Le lactate est le sel de l’acide lactique, alors que le lactose est un sucre qui se trouve dans le lait et les produits laitiers. Le lactose est bien connu aujourd’hui car il a besoin d’une enzyme (la lactase) pour être digéré. Or elle n’est pas pareillement active chez tout le monde. Non digéré, le lactose provoque malaises et diarrhées, raison pour laquelle les personnes concernées doivent adopter une alimentation sans lactose.
Une fois l’effort terminé, l’acide lactique est rapidement décomposé, la respiration s’apaise. Le lactate qui se forme durant l’effort est donc une forme d’autoprotection: plus sa valeur est élevée, plus le sportif ressent le besoin d’arrêter, de rester debout sur place ou de se coucher. «Cela empêche de courir à en mourir», conclut Thomas Wessinghage.
Traduction: Claudia Spätig
Rédaction: Marie-Noëlle Hofmann