Médecine traditionnelle chinoise

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1. Définition

La médecine traditionnelle chinoise (MTC) est une méthode thérapeutique asiatique qui n’établit pas une différence stricte entre le corps et l’esprit et repose sur une approche globale de la personne. Le traitement se base sur cinq piliers principaux:

2. Philosophie

La MTC est une des méthodes thérapeutiques les plus anciennes. Selon l’interprétation que l’on fait des différentes sources, les bases de la MTC peuvent considérablement varier. Il est toutefois avéré que ses racines remontent à plusieurs millénaires. Initialement, les médecins chinois étaient payés pour que la population ne tombe pas malade. L’objectif était donc de préserver la santé et non de soigner les maladies. Les thérapies et les méthodes de diagnostic ont donc été développées selon des critères totalement différents de ceux utilisés par la médecine occidentale.

La MTC conçoit le corps humain comme un système cohérent auquel chaque partie, organe ou système est relié par le flux énergétique. L’individu est en bonne santé lorsque l’énergie est équilibrée et harmonieuse.

Méthode: Au fil des siècles, la médecine traditionnelle chinoise a évolué dans différents styles, courants philosophiques et concepts de formation. Tous ces différents courants ont cependant une notion commune: à savoir qu’il existe une énergie vitale, le chi ou qi, qui circule dans le corps. Ces flux énergétiques ne sont pas visibles. La notion de chi s’apparente plus ou moins à ce que les Occidentaux appellent «équilibre énergétique». Le principe de polarité, qui unit les symboles yin et yang, est étroitement lié au chi. Ces deux symboles sont des principes, des forces vitales qui agissent de manière à la fois opposée et complémentaire dans l’organisme. Leur équilibre correspond à l’état de santé optimal. Les troubles et les maladies surviennent lorsqu’ils sont déséquilibrés.

Principe fondamental: l’énergie vitale, le chi, ne peut surgir et circuler que lorsque l’harmonie parfaite du yin et du yang est établie.

Chaque organe est attribué soit au yin, soit au yang. La notion d’«organe» ne comprend pas seulement l’organe physique en lui-même, mais plutôt une sorte de «cycle de la fonction des organes». La MTC se base aussi sur les interactions complexes et les transformations des cinq éléments que sont le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau. L’interaction entre ces cinq éléments apparaît également comme un cycle. Après avoir déterminé l’origine du déséquilibre, sur la base de son diagnostic, le thérapeute peut commencer le traitement individuel.

3. Crédibilité du concept

La médecine traditionnelle chinoise est un concept idéologique global. Elle part du principe philosophique que l’homme, comme ses maladies et leurs origines, fait partie de l’univers. Pour le novice, la complexité de la MTC est difficilement concevable. La médecine empirique considère que cette méthode thérapeutique chinoise est vraiment efficace. Même si la MTC n’est que partiellement reconnue sur le plan de la politique de la santé, elle s’est solidement établie dans le secteur de la santé publique. De nombreux cabinets médicaux et cliniques proposent, en complément à la médecine officielle, des traitements basés sur les principes de la médecine traditionnelle chinoise.

4. Preuves d’efficacité

Selon la médecine académique, l’efficacité de la médecine traditionnelle chinoise est très discutable. Ses résultats sont souvent attribués à l’effet placebo et à des mécanismes psychologiques – comme l’attention accordée au patient par le médecin. La supposition que des polarités et des énergies invisibles jouent un rôle important dans l’organisme humain ne se base sur aucune donnée scientifique.

Les preuves d’efficacité concernent surtout l’acupuncture, en particulier pour le traitement des maux de tête, de dos et de genoux:

Situation initiale
L’étude «Gerac» (German Acunpuncture Trials) a été publiée en Allemagne en janvier 2007. Financée par les caisses-maladie, elle visait à comparer l’efficacité des thérapies de médecine académique avec deux traitements différents d’acupuncture (acupuncture et semblant d’acupuncture).

Résultats
Les résultats obtenus par le semblant d’acupuncture étaient presque aussi bons que ceux obtenus par la vraie acupuncture. Les deux méthodes se sont en tout cas révélées beaucoup plus efficaces que les thérapies de médecine officielle. Les critiques en ont conclu que l’acupuncture est une méthode efficace mais que les thérapeutes peuvent économiser leur formation puisqu’il semble que la manière de poser les aiguilles n’a pas d’importance.

Conséquence
Les caisses-maladie remboursent les thérapies d’acupuncture en cas de mal de dos ou de genoux. A condition toutefois que le traitement soit effectué par un médecin officiel ayant suivi une formation complémentaire.

5. Applications

La médecine traditionnelle chinoise s’utilise aussi bien pour traiter les troubles simples que les problèmes chroniques: migraine, épuisement, troubles du sommeil, douleurs articulaires et dorsales, allergies (rhume des foins), troubles de la menstruation, sinusite, arthrite, troubles des reins et de la vessie.

La MTC s’utilise aussi en complément de la médecine officielle pour traiter des maladies touchant les organes. La médecine empirique considère que la MTC est aussi efficace en cas de problèmes fonctionnels. Autrement dit des douleurs dont l’origine ne peut être déterminée. La médecine officielle occidentale est plutôt impuissante dans ces cas.

6. Autotraitement

La pratique de la MTC nécessite de solides connaissances et la compréhension de nombreuses interactions. «Dans le cadre la phytothérapie, la médication se fait de manière très individuelle», explique Erika Strahm, droguiste et acupunctrice diplômée et phytothérapeute OPS-MTC. Cette thérapie ne convient donc que très partiellement à l’autotraitement. Les personnes qui ne sont pas spécialistes peuvent essayer de soigner des problèmes bénins. Par ailleurs, la cuisine selon les cinq éléments et la technique du qi gong participent aussi à la préservation de la santé.

7. Les thérapeutes et leur formation

En Suisse, les critères pour ouvrir un cabinet de MTC varient en fonction des cantons. L’organisation professionnelle suisse de médecine traditionnelle chinoise surveille la qualité et les compétences des thérapeutes. Elle est la plus grande organisation de MTC de Suisse. Elle rassemble la majorité de tous les thérapeutes MTC qui pratiquent activement dans les quatre parties du pays. Divers cantons lui ont délégué la tâche d’examiner les compétences pour remettre l’autorisation d’exercer la profession.

L’organisation ne possède pas ses propres écoles dans le domaine de la MTC, mais elle reconnaît les écoles qui proposent la formation de thérapeute MTC. Ces écoles ont été contrôlées en vue des exigences au niveau des heures. Un thérapeute OPS-MTC doit effectuer au moins trois ans d’études avant de passer l’examen théorique. La formation peut se faire à plein temps ou en cours d’emploi.

8. Le traitement et son déroulement

En médecine traditionnelle chinoise, le diagnostic est non seulement établi sur la base de l’anamnèse mais aussi sur la base de la vue, l’observation, l’écoute, la perception de l’odeur et la palpation.

Le médecin porte une attention particulière aux mouvements, à la coloration de la peau, à la constitution et à l’état spirituel du patient. Les yeux, le nez, les lèvres, les dents, les extrémités et les ongles des mains sont examinés minutieusement. A travers l’écoute de la voix, de la respiration et de la toux ainsi que la perception des diverses odeurs dégagées par le patient, le médecin glane des informations supplémentaires sur son état de santé. Ainsi cela forme une image globale, complétée par le diagnostic par la langue et le diagnostic par le pouls.

Diagnostic par la langue

Lors du diagnostic par la langue, la forme, la couleur et la structure de la langue ainsi que l’aspect et la coloration de la muqueuse linguale donnent des indications sur les troubles du patient. Certaines zones de la surface de la langue correspondent à des organes précis.

Diagnostic par le pouls

Pour tâter le pouls, le médecin pose l’index, le majeur et l’annulaire sur l’artère du poignet. Il distingue entre 28 nuances de pouls. Le diagnostic par le pouls permet de déterminer dans quelle zone du corps se trouve un déséquilibre. La médecine traditionnelle chinoise propose cinq méthodes principales pour rétablir cet équilibre; elles sont généralement appliquées parallèlement. La durée du traitement ne peut pas être estimée à l’avance car elle dépend des troubles du patient.

Acupuncture

Des aiguilles sont insérées plus ou moins profondément dans la peau pour stimuler des points caractéristiques le long des méridiens. L’acupuncture part du principe qu’il y a 12 paires de méridiens qui traversent le corps et lui fournissent son énergie vitale. Le traitement par les aiguilles vise à harmoniser les flux énergétiques et donc à éliminer les blocages et les faiblesses. L’acupuncture peut aussi utiliser d’autres méthodes de traitement, à savoir la moxibustion et la saignée.

Diététique

En MTC, la nutrition se base sur les cinq éléments: eau, bois, feu, terre et métal. En fonction des troubles, il est conseillé soit d’éviter, soit de privilégier certains aliments. Ces recommandations alimentaires taillées sur mesure pour chaque patient, et adaptées aux aliments de notre pays, permettent de conserver la santé et d’améliorer le bien-être.

Thérapie médicamenteuse

La phytothérapie chinoise est une branche essentielle de la médecine chinoise. Les médicaments naturels sont très efficaces. Ils sont administrés dissous dans de l’eau chaude, raison pour laquelle on les appelle à tort «tisanes chinoises». Ces médicaments ne sont pratiquement jamais des préparations prêtes à l’emploi. Le patient reçoit une ordonnance pour un médicament composé sur mesure pour répondre à ses besoins spécifiques. Ces remèdes sont souvent assez amers car de nombreuses plantes médicinales sont amères.

Massage

Le tui na est un massage qui stimule les points d’acupuncture avec les mains (et non avec des aiguilles). Il utilise différentes techniques manuelles et des manipulations spéciales. Les stimulations se font par les effleurements, des pressions, des frictions, des pétrissages, des percussions, etc. Les manipulations sont douces mais profondes.

Mouvement

Le qi gong est un mélange de thérapie respiratoire chinoise, d’exercices physiques et d’exercices de concentration. Il consiste en une suite de mouvements lents, liés et harmonieux. Ces exercices rétablissent la circulation du chi dans le corps – l’amenant jusque dans les zones atteintes par la maladie. Le chi est activé et équilibre l’énergie vitale. Le qi gong s’utilise essentiellement en prévention et pour améliorer le bien-être général.

9. Les limites et les risques

Avant tout traitement, les clients qui ont une maladie grave devraient consulter leur médecin. En général, les patients ont déjà un diagnostic médical. Ils viennent pour chercher une aide complémentaire dans la médecine chinoise.

L’approche de la maladie étant différente, la MTC ne traite aucun trouble psychique en tant que tel. Les charges émotionnelles sont certes reconnues comme cause de maladie, mais les maladies psychiques sont traitées par harmonisation du cycle de la fonction des organes correspondant.

10. Conseils pratiques

«Durant la période froide, il est conseillé de prendre au moins deux repas chauds par jour», conseille la droguiste Erika Strahm, thérapeute MTC. Il faudrait aussi réduire la consommation de produits crus en hiver. Traitement MTC de troubles bénins:

Bain de camomille
Verser un quart de litre d’eau chaude dans un bol avec une cuillère à soupe de fleurs séchées de camomille. Laisser tirer 10 minutes. Baigner ensuite la zone blessée dans le liquide tiède.

Piqûres d’insectes
Pâte de poireau: couper du poireau en petits morceaux. Mélanger à un peu de miel pour obtenir une pâte épaisse. Appliquer sur la piqûre douloureuse. Méthode très efficace contre les piqûres d’abeille. Ne pas avaler le mélange car il est totalement indigeste.

11. Remboursé par la caisse-maladie?

La médecine traditionnelle chinoise est prise en charge par l’assurance obligatoire de soins pour autant que les thérapeutes soient formés.

Auteur et rédaction: Didier Buchmann
Traduction: Claudia Spätig
Sources
  • Anna Cavelius, Alexandra Cavelius, Li Wu: «Praxisbuch Chinesische Medizin», Bassermann Verlag, 2005

  • Organisation professionnelle suisse de médecine traditionnelle chinoise